Hera, la première mission de défense planétaire de l’Agence spatiale européenne (ESA), a été lancée avec succès, le 7 octobre, à bord d’une fusée Falcon 9 de SpaceX depuis Cap Canaveral, en Floride. Avec, à son bord, l’expertise technologique belge.

Le 26 septembre 2022, la mission DART (Double Asteroid Redirection Test) de la NASA a tenté une première mondiale : lancer un impacteur cinétique contre la petite lune baptisée Dimorphos afin de dévier sa trajectoire. L’impact a eu pour effet d’infléchir très légèrement son orbite autour de l’astéroïde principal Didymos.
Hera a pour mission de confirmer la possibilité de dévier la trajectoire d’un astéroïde menaçant d’entrer en collision avec la Terre, en tant que stratégie répétable, rapidement déployable en cas de risque avéré. La mission approchera le corps dévié pour étudier ses caractéristiques et transformer l’expérience d’impact cinétique à grande échelle.
Hera déploiera également deux CubeSats pour l’espace lointain : Milani et Juventas. Leur objectif est double : d’une part, collecter des données scientifiques plus détaillées sur Dimorphos et son environnement pour avoir une meilleure compréhension de la structure et de la composition des astéroïdes, et, d’autre part, évaluer une nouvelle technologie de liaison inter-satellites.
30 000 géocroiseurs dans le Système solaire
Le Système solaire compte quelque 30 000 géocroiseurs de la catégorie des 100 à 300 m, dont la trajectoire peut potentiellement croiser celle de la Terre tous les 10 000 ans. Or, 82 % d’entre eux ne sont pas encore répertoriés. « Le choc provoqué par un tel astéroïde équivaudrait à quelque 50 mégatonnes de TNT de quoi rayer, de la carte, une ville entière ou créer un tsunami catastrophique en cas de chute en mer » déclare Thales Alenia Space dans un communiqué.
Le couple Didymos-Dimorphos est l’exemple même des milliers d’astéroïdes qui représentent un risque d’impact majeur pour notre planète. Dimorphos est le premier corps du Système solaire à avoir vu son orbite modifiée de façon tangible par l’action humaine, en l’occurrence par l’impacteur cinétique DART.
La contribution de la Belgique
Parmi les acteurs industriels impliqués dans la mission HERA figurent SPACEBEL, Thales Alenia Space Belgique et Redwire Space.
Pour le segment vol de Hera, SPACEBEL a développé le système logiciel du vaisseau spatial doté d’un très grand degré d’autonomie embarquée, similaire à celle d’une voiture sans conducteur. Ce logiciel de vol, appelé aussi logiciel central, s’exécute sur l’ordinateur de bord. Il y réalise les fonctions en temps réel de l’engin, couvrant, entre autres, la commande et le contrôle des sous-systèmes, équipements et instruments à bord, avec en particulier la caméra, utilisée tant pour l’observation que pour la navigation. Il gère les instructions opérationnelles et les mesures à bord et y implémente les algorithmes de contrôle et de traitement des données scientifiques. Il assure les communications aller-retour entre le vaisseau principal et ses deux CubeSats Milani et Juventas d’une part, entre le vaisseau principal et la Terre d’autre part.

SPACEBEL a développé différents systèmes de simulation pour la mission Hera :
- un simulateur appelé Software Validation Facility
- un simulateur appelé Training Operations Maintenance Simulator (TOMS)
- le simulateur enhanced Software Validation Facility (eSVF)
Pour le segment sol, plus particulièrement les centres de mission et de contrôle, SPACEBEL est responsable du Centre des opérations de mission des CubeSats. Installé à Redu (Belgique), ce centre supervise l’ensemble des opérations et contrôle le duo Milani et Juventas.
Thales Alenia Space Belgique a, quant à elle, développé les alimentations des amplificateurs à tubes à ondes progressives TWTA (Travelling Wave TubeAmplifiers) – qui servent à envoyer les messages entre HERA et la station sol de contrôle de la mission – ainsi que l’unité de contrôle et de distribution d’énergie PCDU (Power Conditioning and Distribution Unit) qui gérera l’alimentation du satellite pendant toute sa durée de vie en orbite.

Redwire Space a fourni l’ Advanced Data and Power Management System (ADPM-3) en quelque sorte le « cerveau » du vaisseau spatial conçu pour surveiller et contrôler d’autres composants, y compris la transmission de données critiques à des opérateurs au sol.

La sonde Hera atteindra Didymos en octobre 2026, après deux ans de croisière. Elle se trouvera alors à 195 millions de kilomètres de la Terre.