C’est en étroite collaboration avec Daniel van den Hove que Marc Senterre a créé, en 2018, le Cercle du Numérique avec la volonté d’unifier les associations informatiques et être représentatifs en Belgique francophone.
Le Cercle du Numérique (CdN) a pour mission d’étudier les problématiques qui relèvent de la fonction de responsable du système d’information, de faire connaître et progresser la fonction. Marc Senterre, l’actuel Co-Président du Cercle du Numérique nous en dit plus …

Pouvez-vous citer quelques exemples de problématiques actuelles ou futures qui impactent la fonction de responsable du système d’information ?
Les priorités que nous avons identifiées découlent d’une enquête réalisée conjointement par le Cercle du Numérique et BELTUG. Parmi celles-ci figurent :
- L’intelligence artificielle. Comment intégrer l’IA dans le business ? Comment faciliter la collaboration entre l’IT et le business pour favoriser le déploiement de l’IA ? Aujourd’hui, les départements IT sont démunis face à ces questionnements.
- L’entrée en vigueur de NIS2 visant à renforcer les mesures de cybersécurité et la gestion des incidents est bien entendu une préoccupation majeure si pas LA préoccupation de tous les responsables IT (PME & grands comptes). Et notre responsabilité va bien au-delà car il nous revient de former et de sensibiliser tous les employés de l’entreprise à la menace cyber. Une entreprise qui comprend 60 sites comprend autant de cibles potentielles d’une attaque cyber au même titre que chaque employé représente une cible potentielle. Vous l’aurez compris, le défi est de taille !
- Sensibiliser les directions générales au rôle stratégique de l’IT. L’informatique étant disponible pour tout un chacun (dans le cloud) il nous revient, en tant que responsable informatique, de travailler en symbiose avec le business. Aujourd’hui, un responsable IT doit poser la question : que puis-je faire pour t’aider dans ton travail ? Il ne s’agit pas de mettre une couche de technologie sur un processus qui dysfonctionne, il importe de repenser le processus avec la technologie. C’est un dialogue avant tout.
- La gestion des talents : les talents IT sont rares sur le marché et cela ne date pas d’hier.. Il faut bien recruter et une fois recrutés il faut tout faire pour les garder. Je constate, par ailleurs, que les jeunes informaticiens ont une approche fondamentalement nouvelle : ils ne manifestent pas d’appartenance automatique à l’entreprise qui les recrute et ils donnent priorité au télétravail. La demande d’informaticiens est telle qu’ils peuvent changer d’emploi à tout moment. Nous devons donc changer d’attitude au sein de l’entreprise pour garder ces profils à tout prix. Mon avis personnel et de responsable IT (bien entendu) est qu’il ne faut pas hésiter à recruter les jeunes car je suis persuadé que le changement viendra de ces profils plus juniors.
En outre, il ne faut pas hésiter à changer l’état d’esprit de l’informatique (être moins classique, sortir d’une informatique de « Papy ») et faire de l’informatique en étroite collaboration avec le métier. Si les nouveaux collaborateurs sont intégrés dans cette culture, s’ils sont impliqués dans les décisions, je suis persuadé qu’ils vont rester !
« Il ne faut pas hésiter à changer les mentalités de l’informatique et établir un lien plus étroit entre de l’informatique et le business »
- La gestion des budgets : donner la priorité aux projets essentiels permet de garder le budget sous contrôle et de mener à bien tous les projets initiés. En d’autres mots, je privilégie l’approche « faire moins mais mieux ».
Quelle perception avez-vous, aujourd’hui, du métier de responsable du système d’information ? Comment évolue la fonction, selon vous ?
Le métier évolue vers une fonction moins technique parce que les solutions existent (émergence de solutions « clef sur porte » disponibles dans le cloud). L’informaticien va évoluer d’un rôle purement technique à un rôle beaucoup plus axé « Relationship Manager » intégré au business. Son rôle sera d’identifier les besoins à la source.
Enfin, et j’insiste là-dessus, il est aujourd’hui primordial de remettre l’humain au centre, de mettre en fonction des personnes « ouvertes » qui peuvent s’inspirer d’expériences extérieures à l’entreprise. Si le CIO ne veut pas se cantonner à un travail d’exécutant, il est essentiel de travailler en réseau, de s’inspirer des expériences de ce réseau.
« Mettre l’humain au cœur d’une équipe informatique est crucial »
Quels sont les grands défis des responsables du système d’information pour les années qui viennent ?
L’intégration des applications dans le cloud et la cybersécurité, la gestion des équipes et des relations avec les collègues business (on vient de l’évoquer) et une bonne balance entre les budgets et les projets informatiques apportant de la valeur ajoutée à l’entreprise sont, selon moi, les principales priorités.
Quels événements majeurs figurent à l’agenda du Cercle du Numérique en cette fin d‘année et qui peut y participer ?

Notre prochain événement, planifié le 10 décembre, sera consacré à la gouvernance des données : comment organiser ses données pour, à terme, être à même de les exploiter grâce à l’IA et faire du reporting ?
Nous clôturerons aussi l’année sur une note festive avec le Gala du Cercle du Numérique. A l’agenda figurent l’intervention de Louis de Diesbach « Pourquoi disons-nous bonjour à Chat GPT ? » et la prestation de Jazzmyn, figure montante du Jazz belge… Un très beau programme en perspective !
Et pour répondre à votre question (sourire) : nos événement sont ouverts à tous les membres du Cercle du Numérique.
Le CdN accueille régulièrement de nouveaux membres, quel est le profil des membres et avez-vous des attentes vis-à-vis des membres ?
Nous accueillons volontiers tout informaticien (homme et femme bien entendu) qui souhaite partager son expérience professionnelle. Le CdN se veut avant tout une communauté de partage, nous attendons que les membres participent activement aux activités du Cercle.
Devenir membre du Cercle du Numérique
Le responsable des systèmes d’information, directeur informatique, IT manager, CIO, CISO, ou autre professionnel du numérique qui souhaite devenir membre est invité à prendre contact via → https://www.cercledunumerique.be/rejoignez-nous/
Quelles sont les priorités du Cercle pour 2025 ?
Développer et redynamiser la fonction informatique au sein des entreprises wallonnes est clairement notre priorité au même titre que bâtir une communauté d’informaticiens qui s’entraide, qui va chercher des conseils à l’extérieur de l’entreprise. Pour ce faire, le Cercle souhaite être un lieu d’information, d’échange sur des sujets stratégiques (le déploiement de SAP, la convergence entre l’IT industrielle et de bureau (ITOT), la cybersécurité,…). Nous avons d’ailleurs lancé des groupes d’intérêt sur ces thématiques.
Vous avez récemment été élu CDO (Chief Digital Officer) de l’année. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette prestigieuse récompense ?
Je l’interprète comme une reconnaissance d’une volonté permanente de développer la fonction informatique « autrement », de lier des liens étroits avec les collègues métiers. Lors du concours de « CDO of the year », j’ai aussi défendu la notion du Digital everywhere for everyone à savoir que l’informatique est aujourd’hui omniprésente quelle que soit la fonction dans l’entreprise.
L’informatique ne cesse d’évoluer, c’est un métier qui demande de rester curieux et ouvert à la nouveauté. C’est le message que je tente de véhiculer à travers ma fonction de Vice-Président Global IT chez Lhoist et de Co-Président du Cercle du Numérique.