La Belgique, et plus particulièrement la Wallonie, est une terre d’accueil pour les entreprises biopharmaceutiques et biotechnologiques. Les sciences du vivant représentent, à elles seules, 15% des exportations belges, génèrent 45 000 emplois directs et déposent quelque 446 brevets par an*. La renommée du secteur dépasse de loin les frontières de la Belgique.
Rencontre avec Dominique Demonté, le dynamique CEO du Biopark.
L’histoire Biopark a débuté en 1999 avec la création d’un institut de recherche par l’Université Libre de Bruxelles. A cette époque, le site regroupait une centaine de chercheurs. Aujourd’hui, le Biopark forme une communauté d’environ 3700 personnes situées dans la région de Charleroi Métropole en Belgique. L’écosystème compte une centaine d’entreprises actives dans les sciences du vivant, allant de grandes sociétés aux start-ups originaires d’Europe, d’Asie et des États-Unis.
« Connecting the dots »
« Notre mission consiste à connecter, soutenir et développer les activités de nos membres que ce soit par la mise en relation des entreprises du Biopark avec des partenaires académiques, financiers, spécialistes du recrutement, de la formation ainsi que des acteurs publics afin de garantir leur développement. Nous favorisons les opportunités de collaboration entre les acteurs de l’écosystème et les prestataires de services tout en encourageant les initiatives à l’échelle du campus. »
L’une des priorités du Biopark, en 2025, sera la mise à disposition d’un Hub multi opérateurs de formation dédié au Biomanufacturing & Digital sur le site de Gosselies. Ce centre aura pour vocation de former au biomanufacturing de demain !
Biopark Twin Transition
Pour soutenir son développement et renforcer son attractivité, le Biopark de Charleroi a mis en place, en 2023, un partenariat avec KPMG en Belgique pour identifier la manière d’accélérer la twin transition au sein des sociétés du campus. Ceci a commencé par une étude* visant à identifier les priorités stratégiques.
« L’intégration des technologies digitales et des pratiques environnementales se révèlent deux facteurs clés pour accélérer la croissance et consolider la compétitivité des acteurs du Biopark. Bien que la digitalisation figure parmi les priorités des entreprises, la plupart des sociétés estiment avoir atteint un niveau de maturité ‘moyen’. »
Principaux enseignements tirés de l’étude Biopark Twin Transition Study réalisée par KPMG et Biopark
- La majorité des participants estiment avoir atteint un niveau de maturité moyen en matière de digitalisation (30% des petites entreprises n’ont pas de ‘digital roadmap’)
- La transition digitale des opérations et du back-office est en cours, avec une digitalisation des opérations plus avancée en R&D qu’en production
- L’intégration de l’intelligence artificielle, principalement en R&D, ainsi que le renforcement de la cybersécurité figurent parmi les préoccupations majeures (à noter cependant que seulement 20% des acteurs interrogés estiment disposer de mesures de sécurité robustes)
- Le ROI de la digitalisation n’est pas évalué de manière précise, bien que plus de 30% des sociétés reconnaissent l’impact positif du digital sur la robustesse des processus et la conformité (ex : GDPR, GxP, …)
- Assurer la transition digitale nécessite des partenariats, des ressources humaines et financières, ce qui reste un véritable défi pour les participants à l’étude.
Julien Stocq, KPMG (à gauche) – Dominique Demonté, Biopark (à droite)
L’intelligence artificielle transforme les pratiques des entreprises, est-ce aussi le cas pour les sciences du vivant ?
« L’intelligence artificielle est déjà utilisée dans le développement de médicaments et certaines entreprises se sont spécialisées dans ce domaine ; recourir à cette technologie permet de produire des modèles prédictifs. L’intégration de l’IA dans les processus de biomanufacturing est désormais une réalité. Cependant et comme le révèle l’étude de KPMG, il semble que nous n’ayons pas atteint le niveau d’intégration souhaité. »
Peut-on évoquer les risques cyber ?
« La gestion de la confidentialité est un aspect largement pris en compte par les acteurs du Biopark, même si l’étude de KMPG montre que les entreprises pourraient faire mieux.
Le rôle de Biopark n’est pas d’intervenir en tant que prestataire IT pour garantir la sécurité informatique sur le campus, mais nous n’excluons pas la possibilité de faire appel à des prestataires externes pour proposer des offres packagées en matière de cybersécurité.
Nous pourrions également envisager ou proposer la création d’un cyber range ‘medical devices’ ou ‘bio production’. De manière générale, nous restons attentifs et à l’écoute de nos membres, prêts à les accompagner et, le cas échéant, à lancer toute initiative qui s’avèrerait nécessaire sur le plan de la cybersécurité. »
Consolider le leadership de Biopark dans le secteur des sciences de la vie passera-t-il par un investissement plus conséquent dans les technologies ?
« Oui, j’en suis convaincu ! Et les résultats de l’étude KMPG, notamment en termes de maturité digitale, ne sont pas les résultats auxquels je m’attendais. Cela reste donc un défi et je suis persuadé que les Hubs comme le Biopark, qui se seront structurés pour accompagner les entreprises dans la transition digitale, feront la différence. Cela pourrait notamment passer par l’intégration d’un acteur digital au sein même du campus.
Être à la fois connecteur et accompagner les acteurs dans leurs transitions digitale et environnementale sera l’une des priorités du Biopark pour les années à venir ! »
*Chiffres ©️ Pharma.be
*L’étude Twin Transition journey de KPMG, réalisée en 2024, a mobilisé 17 sociétés (Biotech, MedTech et sociétés de services). Le rapport est disponible sur demande.
