Mission Tractebel : mettre le nucléaire au service des missions spatiales  

En Belgique, Tractebel est largement reconnue pour son expertise en conseil et ingénierie. Ce que l’on sait moins, c’est que la société est active, depuis 2020, dans le secteur spatial. Son ambition ? Contribuer à doter l’Europe de systèmes nucléaires électrogènes et de propulsion nucléaire capables de soutenir des missions spatiales de longue durée.

Brieuc Spindler, Product Manager Space and Advanced Technologies chez Tractebel nous en dit plus.

Brieuc Spindler, Product Manager Space and Advanced Technologies, Tractebel.

Tractebel est aujourd’hui impliquée dans plusieurs projets de recherche et développement visant à concevoir des technologies nucléaires destinées à alimenter les futures missions spatiales européennes. Ces travaux, actuellement à un niveau de maturité technologique TRL 4, portent sur les systèmes de puissance à radio-isotope (RPS), alimentés en plutonium 238 (Pu-238) et sur la propulsion nucléaire qui s’ajoute à la propulsion chimique ou la propulsion électrique.

« Pour les missions de longue durée, lorsque l’énergie solaire devient insuffisante, les RPS sont essentiels. Ils fournissent aux engins spatiaux – et potentiellement aux astronautes – l’électricité et la chaleur nécessaires, en exploitant l’énergie générée par la désintégration radioactive naturelle du Pu-238 », explique-t-il.

Image ©️ESA

Les applications, défis technologiques et enjeux stratégiques 

  • Des applications concrètes pour l’exploration spatiale

Les technologies nucléaires développées à partir de radio-isotopes sans fission pourront, à terme, alimenter une variété d’équipements spatiaux tels que les sondes, les rovers ou encore les systèmes d’excavation.

À un niveau supérieur de puissance, les solutions basées sur des microréacteurs à fission ouvrent la voie à des applications encore plus ambitieuses : propulsion nucléaire de fusées, alimentation énergétique de stations lunaires ou martiennes, etc.

  • Des défis technologiques de taille

Les batteries ou générateurs thermoélectriques à radio-isotopes (GTR) actuellement disponibles présentent un rendement énergétique relativement faible.

« Cela signifie que d’importantes quantités de chaleur doivent être dissipées efficacement tout en maintenant les composants dans des plages de température opérationnelles » explique Brieuc Spindler « Un autre challenge est de garantir le confinement des matériaux radioactifs dans des environnements extrêmes et accidentels (lancement, vide spatial, réentrée atmosphérique, explosion) selon des normes strictes. »

  • Une Europe spatiale autonome et souveraine 

À ce jour, ni le Pu-238 ni les systèmes RPS ne sont produits en Europe. Dans un contexte où l’aérospatiale devient une priorité stratégique et économique, cette dépendance vis-à-vis de puissances extérieures soulève de réels enjeux de souveraineté. Le projet PULSAR*, coordonné par Tractebel et financé par la Commission européenne, représente un pas important vers l’autonomie de l’Europe dans ce domaine critique.

Cap sur la Lune et sur Mars 

« Moon concept ». Image ©️ESA

Au-delà des missions spatiales classiques, ces technologies nucléaires pourraient jouer un rôle clé dans l’exploration de la Lune et de Mars. Elles pourraient notamment contribuer à l’installation de bases permanentes, comme le « Village lunaire » promu par l’Agence spatiale européenne.

A suivre donc … 

[*PULSAR] – Projet de recherche et d’innovation financé par la Commission européenne, piloté par Tractebel, visant à développer une technologie nucléaire destinée à fournir l’énergie nécessaire aux futures missions spatiales européennes. 

Article ©️Gate.31

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