« Jef.chat » est un nouvel assistant juridique conversationnel, conçu et proposé par Frédéric Dechamps, avocat au Barreau de Bruxelles.
Gate.31 a échangé avec Me Dechamps pour en savoir plus…

A qui fait référence le nom Jef ?
C’est un choix du Barreau de Bruxelles en hommage à Joseph Poelaert, célèbre architecte qui a donné son nom à la place du Palais de Justice.
Qu’est-ce qui vous a motivé à développer cette application ?
L’application est née à la fois d’un besoin personnel et d’une demande d’un client de notre cabinet (lex4u.com). Mon client souhaitait libérer son service juridique de nombreuses questions juridiques relativement basiques et récurrentes. Nous avons eu l’idée de travailler sur un outil basé sur l’IA afin de voir, dans un premier temps, de quelle manière nous pouvions générer des réponses fiables et uniquement basées sur des dispositions légales et ce sans hallucinations.

Nous avons été surpris par la qualité des réponses quand l’IA travaille dans un environnement fermé et sur des sources fiables. Sur base de cela, nous avons poursuivi nos recherches pour développer un outil sécurisé et fiable à l’attention de certaines professions : avocats, services juridiques, notaires, magistrats, … qui ont un haut degré d’exigence en termes de fiabilité et sécurité et qui souhaitent exploiter leurs propres sources de données.
Comment sera-t-elle alimentée ?
Ce sont les avocats qui décident des informations qui vont nourrir Jef. L’avocat a le contrôle total de la base documentaire sur laquelle Jef va fournir ses réponses. Nous travaillons actuellement à intégrer des sources publiques externes fiables pour encore améliorer la qualité des réponses.

Le fait que l’application soit alimentée exclusivement avec les documents d’un professionnel, est-ce que cela ne limite pas les performances d’une application IA ?
Au contraire ! Cela permet de maîtriser la source des données et donc de limiter les hallucinations possibles. L’application ne va pas chercher sur Internet et n’invente pas de références jurisprudentielles par exemple, ce qui est systématiquement le cas d’une IA “grand public” comme ChatGpt. Le mode « sécurisé » limite surtout la source des informations. Cela n’empêche pas la partie générationnelle du modèle de faire preuve de créativité linguistique ou d’organiser l’information de façon originale.
La créativité est seulement encadrée : le modèle reste orienté par les documents récupérés et par les règles que vous imposez (par ex. ne pas inventer de faits hors corpus).
Quels types de documents va-t-elle traiter ? A quelle fins ?
De par sa nature (assistant IA pour les avocats), Jef traite essentiellement des textes (PDF, Word, etc.) et les usages sont multiples. Après deux semaines d’utilisation intensive chez les avocats, nous constatons que les utilisations les plus courantes sont l’analyse de textes (lois, notes, conclusions, etc.) ainsi que la recherche d’informations.
Où sont hébergés les documents ?
Tout est hébergé en Europe et le RGPD a été au cœur de nos préoccupations lors du développement. Il est évident que vu la nature des applications envisagées et des documents traités, la sécurité est primordiale.
Pensez-vous que Jef connaîtra de futurs développements ?
Bien entendu ! Vu le nombre de demandes et les applications possibles, nous allons, dans un premier temps, créer une société pour y loger les activités de formations et développements liés à l’IA. En ce qui concerne Jef plus particulièrement, nous avons déjà des demandes d’évolutions et une roadmap bien remplie pour les mois qui viennent.
Par exemple, nous allons travailler sur les intégrations possibles avec les outils utilisés par les avocats afin de faciliter l’alimentation de la base de données, créer des agents plus spécifiques au sein de Jef permettant d’être encore plus efficace sur certains sujets tels que l’aide à la rédaction ou la recherche assistée par exemple. Nous allons également mettre en place quelques formations pour aider les avocats à être plus efficaces dans l’utilisation de l’outil.
Est-ce que Jef est la toute première application du genre ? Quelles applications ont déjà été développées dans le domaine juridique / à destination des avocats en Belgique ?
Je pense que d’autres outils existent dans le domaine juridique mais restent très spécialisés et accessibles à une certaine catégorie d’avocats pour des raisons d’utilisation ou même financières.
Avec Jef, nous avons le souhait de mettre l’IA à portée de tous les avocats et les professions exigeantes pour qu’ils puissent rester concurrentiels et surtout exploiter leurs informations en toute sécurité – Frédéric Dechamps, Avocat, Lex4u.