Le 24 septembre, Liege Airport a accueilli, sur son site, la conférence du GIWAS, le Groupement des Industries Wallonnes Aéronautiques et Spatiales, événement marqué par la présence de l’astronaute français Thomas Pesquet.
Près de 1000 personnes – en grande majorité des enfants et des étudiants – ont assisté à l’après-midi de conférences destinée à susciter des vocations dans les domaines de l’aéronautique et du spatial.
A cette occasion, Gate.31 a échangé avec Laurent Jossart, CEO de Liege Airport.

Pourquoi avoir choisi d’accueillir la conférence du GIWAS à Liege Airport ?
Parce que le GIWAS me l’a gentiment demandé (sourire). Plus sérieusement, Liege Airport sera membre du GIWAS un an sur deux, en alternance avec Charleroi Airport. Organiser une conférence sur l’aéronautique au sein même d’un aéroport avait une forte valeur symbolique. C’était aussi notre façon de contribuer à cette belle initiative.

Quel rôle Liege Airport souhaite-t-il jouer dans l’écosystème aérospatial wallon ?
Le GIWAS s’adresse principalement aux acteurs des secteurs aéronautique et spatial, ainsi qu’aux industriels qui y sont directement impliqués. En tant qu’aéroport, Liege Airport se situe quelque peu en marge de cet écosystème, mais il est essentiel pour nous de faire entendre un message clair à l’ensemble de la communauté.
Lorsque l’aéroport introduit des demandes de permis, il se heurte régulièrement à des réticences ou à des restrictions, alors qu’en parallèle, les industriels bénéficient d’un soutien bien plus large. Nous applaudissons, bien entendu, des deux mains les efforts de réindustrialisation en cours mais nous souhaiterions que les stakeholders soient également conscients que les avions conçus, fabriqués ou équipés par les industriels belges doivent bien décoller et atterrir quelque part…
Nous appelons donc à une plus grande cohérence de la part des décideurs politiques et institutionnels : les aéroports ne sont pas des acteurs secondaires, mais bien une composante essentielle de la chaîne, nous faisons partie du même écosystème.
« En accueillant l’événement du GIWAS sur notre site, nous avons voulu témoigner notre solidarité envers cette initiative et rappeler que, même si le cœur de métier de Liege Airport diffère quelque peu, nous faisons partie d’un même écosystème » – Laurent Jossart

Le secteur aéronautique semble avoir besoin de nouveaux talents pour rester un moteur économique et technologique majeur en Wallonie. Est-ce également le cas de Liege Airport ?
Personnellement, je suis convaincu que l’aéronautique et le spatial continuent de fasciner les jeunes autant qu’avant. A Liege Airport, lorsqu’un poste s’ouvre, nous recevons souvent plusieurs centaines de candidatures, ce qui montre un réel intérêt pour le secteur. Je peux m’imaginer que cette dynamique est partagée par les autres membres du GIWAS.
Cela dit, je pense que la difficulté se situe ailleurs : dans l’orientation vers les filières STEM (sciences, technologies, ingénierie, mathématiques). Malgré les efforts déployés, il reste compliqué d’inciter les jeunes à choisir ces parcours, pourtant essentiels pour répondre aux besoins techniques et technologiques de notre industrie.
À Liège, par exemple, l’arrivée du centre de formation TUMO – annoncée en septembre – illustre parfaitement cette volonté de renforcer l’attractivité des filières technologiques. Destiné aux jeunes de 12 à 18 ans, TUMO a pour mission de les initier aux nouvelles technologies et de développer leurs compétences numériques. L’objectif est clair : former les talents d’aujourd’hui aux technologies de demain, afin de répondre aux besoins croissants des entreprises en profils techniques. Là aussi, il s’agit de susciter des vocations pour des métiers plus techniques et Liege Airport est heureux de figurer parmi les sponsors financiers du projet.
« Ce n’est pas l’intérêt pour l’aéronautique ou le spatial qui fait défaut, mais plutôt l’attrait pour les filières STEM » – Laurent Jossart

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Décarbonation de l’aviation : quels sont les axes d’action de Liege Airport ?
Au niveau des aéroports, des efforts soutenus sont faits dans ce sens même si chacun sait que les avionneurs, les équipementiers, les fabricants de carburants alternatifs, les gestionnaires du ciel et les compagnies aériennes jouent un rôle majeur dans la décarbonation. Cependant, chaque acteur doit apporter sa pierre à l’édifice.
Liege Airport a ainsi atteint le niveau 4 sur 5 du programme Airport Carbon Accreditation de l’ACI Europe. Cette distinction place l’aéroport parmi les 20 % d’aéroports les plus engagés au monde en matière environnementale.
« Ce niveau implique un alignement explicite des objectifs de réduction des émissions de carbone avec les ambitions climatiques mondiales, notamment celles définies dans les Accords de Paris » – Laurent Jossart.
Pour y parvenir, Liege Airport a élargi la portée de son inventaire carbone en intégrant davantage d’émissions indirectes (scope 3) comme celles liées aux opérations au sol, aux déplacements autour du site et à la consommation d’énergie des tiers.
Un plan de gestion carbone a été mis en place, ciblant la réduction des émissions directes et indirectes (scopes 1 et 2).
Par ailleurs, un plan de mobilisation des partenaires (« Stakeholder Engagement Plan ») a été élaboré avec les principaux acteurs du site. Ce plan prévoit notamment l’électrification des véhicules, l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments et la promotion de modes de transport plus durables.
La décarbonation est un processus relativement long que nous menons à un rythme mesuré en raison du coût élevé du remplacement du matériel. Nous avons récemment fait l’acquisition d’un distributeur de carburant (qui permet de transférer le fuel des tuyaux installés sous la dalle à l’aile de l’avion). Nous avons payé deux fois plus cher pour acquérir un distributeur électrique. Donc oui on doit montrer l’exemple mais cela doit se faire à un rythme raisonnable et financièrement supportable…
« La décarbonation est un processus relativement long que nous menons à un rythme mesuré en raison du coût élevé du remplacement du matériel » – Laurent Jossart.
Pour conclure, je citerai une nouvelle initiative de Liege Airport en matière de décarbonation ; nous avons récemment recruté un « Energy Manager » à temps plein. Cet ingénieur a pour mission de piloter notre trajectoire de décarbonation et de mettre en œuvre des solutions concrètes. Comme vous le constatez, notre aéroport évolue et s’entoure de nouveaux talents pour relever les défis environnementaux de demain !
Merci à Liege Airport d’avoir convié Gate.31 à l’après-midi conférences du GIWAS.